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Collecte de l’information dans un contexte marqué par des conflits : Menaces sur les reporters.

La pratique du journalisme est de plus en plus difficile dans un environnement mondial marqué par des conflits. Le sujet a été abordé hier, lors d’une table ronde tenue dans le cadre des 50èmes Assises de l’Union de la presse francophone qui se tient à Dakar. Les journalistes, dans plusieurs pays du monde, vivent une situation difficile. C’est le cas notamment dans la zone du Sahel où avec les juntes, des décisions liberticides sont prises, empêchant ainsi les journalistes de pratiquer librement leur profession. Ils font aussi face aux groupes armés qui, s’ils les prennent dans ces zones, en font des otages. Ce qui fait dire au directeur du Bureau de Reporters sans frontières (Rsf) à Dakar que les journalistes sont entre «le marteau des juntes au pouvoir et l’enclume des groupes armés». Sadibou Marong s’exprimait lors d’une table ronde sur le thème : «Comment concilier liberté de la presse et responsabilité» dans le cadre des Assises de la presse francophone. Poursuivant son analyse de la situation, le directeur du Bureau Reporters sans frontières (Rsf) à Dakar fait remarquer que «le génie de faire mal aux journalistes se développe». Prenant l’exemple de ce qui se passe au Burkina Faso, il a fait savoir que dans ce pays, les journalistes sont envoyés au front, en clandestinité ou en exil. Le tort de ces derniers, c’est d’analyser ou de donner leur opinion sur comment leur pays est géré. Dans certains pays du Sahel, il est aussi évoqué le «journaliste patriote». Le directeur du Bureau Rsf à Dakar ne trouve aucun problème à ce que l’information soit traitée de manière patriotique en fonction des lignes éditoriales des médias, mais le souci, souligne-t-il, «c’est quand il y a une partie de l’information qui n’est pas partagée avec ceux qui en ont droit». Allant plus loin dans sa réflexion, il ajoute que dans le contexte de ces pays, il est évident qu’il y a des informations que les médias locaux ne vont pas diffuser. «C’est ça le danger aussi. Les populations ont droit à l’information, et c’est aux journalistes de la donner de la manière la plus juste», a-t-il rappelé. Par ailleurs, M. Marong a appelé à «ne pas créer une sorte de dichotomie entre médias locaux et médias étrangers». Pour lui, «un journaliste c’est un journaliste, l’essentiel est que l’information arrive à ceux qui en ont droit et qui font confiance à ces médias». La persécution et les représailles contre les journalistes ne se manifestent pas seulement sur le terrain. C’est aussi à travers des textes de lois. L’ancienne directrice d’Article 19 en Afrique de l’Ouest, Fatou Jagne Senghore, constate une «prolifération de législations liberticides». Selon la juriste de formation, sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, beaucoup d’Etats ont adopté des textes qui mettent en péril le droit à l’information et la liberté d’expression. Evoquant le classement concernant la liberté de la presse et l’Etat de Droit, elle renseigne que beaucoup de pays (Sénégal, Ghana) ont régressé à cause des attaques contre les journalistes, mais aussi à cause de l’application de ces lois. Aujourd’hui, pour Mme Senghore, l’équation pour le journaliste, c’est de voir comment donner l’information sans tomber sous le coup de ces lois qui sont utilisées par les Etats à chaque fois que de besoin. Selon Fatou Jagne Senghore, on assiste alors à un «tout sécuritaire au détriment de la liberté des journalistes». Conséquence, souligne-t-elle, les journalistes sont fragilisés, des excès, des restrictions, des violations sont notés, ainsi que la réduction des droits à l’information. A en croire l’ancienne directrice d’Article 19 en Afrique de l’Ouest, à travers ces lois, on ferme l’espace, ce qui est un danger. Convaincue que le contexte sécuritaire rend difficile le travail des journalistes, Fatou Jagne Senghore estime qu’il faut éviter que le droit à l’information soit sacrifié. De ce fait, elle pense qu’il faut faire circuler l’information et laisser les populations bâtir leur propre résilience.

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